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Cours - L'homme à la mer

Si un homme (ou une femme, je ne suis pas si féministe que ça !) tombe à la mer, il est capital de réagir très rapidement, sa vie en dépend. Il faut donc connaître les gestes à faire et s'entrainer. Durant la croisière, j'esssaierai de faire 2 simulations pour qu'on soit paré à toutes éventualités.

Ce qui est vraiment capital, bien avant tous les autres gestes, c'est de garder en vue l'homme qui est tombé. Lui doit pendant ce temps tout faire pour rester visible et garder force et chaleur. Il peut par exemple mettre la capuche de sa veste de quart (en générale, elle est de couleur très visible et en plus elle permettra de limiter la perte de chaleur au niveau de la tête). Il peut déclencher une lampe flash s'il en a une sur lui, crier en tombant pour prévenir de sa chute (ensuite, le son de sa voix ne parviendra plus au bateau, sauf en cas de vent portant), agiter les mains pour être visible un peu plus haut sur l'eau (une tête au ras de l'eau est vraiment difficile à repérer). Rien de sert de nager vers le bateau, il va beaucoup trop vite, même par petit temps, mieux vaut garder ses forces pour s'orienter dos aux vagues. Rester les jambes groupées sous soi permet également de limiter la perte de chaleur. Il faut se rendre compte que c'est rarement la noyade qui fait mourir l'homme à la mer mais le froid. La survie n'est que de queqlues heures près de nos côtes. Sous les tropiques, on peut espérer le sauvetage pendant plus d'une dizaine d'heure.

Revenons sur notre bateau. Un homme est tombé à l'eau et le signal est donné (un membre de l'équipage a vu la chute et crie "un homme à la mer"). Celui qui a vu la chute ou celui qui est considéré comme ayant la meilleure vue de loin reste constamment tourné vers l'homme à la mer et ne le lache des yeux sous aucun prétexte. C'est vraiment le poste le plus important : garder un contact visuel avec l'homme à la mer.

Dans un même temps si possible, le vigil (celui qui regarde l'homme) ou une personne à ses côtés, lance la bouée fer à cheval qui est toujours sur le balcon arrière, à portée de main. Cette bouée comme son nom l'indique est en forme de fer à cheval, rouge ou orange fluo, reliée ou non à un bout. Même si cette bouée n'atteint pas l'homme à la mer, elle permet de repérer la zone où est tombé l'homme, donc on pourra plus facilement revenir vers lui. L'homme à la mer peut également nager vers cette bouée. L'essentiel est de l'envoyer le plus rapidement possible. On peut également jeter à la mer toutes sortes d'objets flottants : coussins, par-battages,... permettant de faire le chemin à l'envers dès qu'on aura fait demi-tour.

Le barreur se prépare à faire demi-tour (attention à ce que le vigile garde toujours le contact visuel même en tournant...). Il demande aux autres équipiers de faire passer la grand voile et le génoi. Il vire et se dirige vers l'homme à la mer en prenant soin à le laisser sous le vent (ce qui signifie que le vent arrive d'abord sur le bateau et ensuite sur l'homme à la mer).

Un équipier descend en cabine dès la chute pour appuyer sur le bouton d'homme à la mer sur le GPS. Ca enregistre la position (on peut aussi la noter à la main) et indique le cap qu'il faut suivre pour se rendre sur le lieu de la chute.

Si on n'a pas de contact visuel avec l'homme à la mer, on peut lancer un "SOS"' à la VHF (c'est l'objet de la leçon sur la sécurité), quitte à tout annuler si on le retrouve. Ce message peut permettre à d'autres bateaux sur zone de venir nous aider à quadriller la zone pour repérer notre homme.

Une fois qu'on arrive près de l'homme à la mer, il se peut que les vagues l'empêchent de monter à l'échelle de bain, ou qu'il soit trop fatigué ou inconscient pour le faire. Il faut plutôt le garder sous le vent (comme ça, la coque du bateau l'abrite des vagues et du vent), lui donner un bout pour qu'il s'attache (s'il a un harnais sur lui, c'est plus facile), et on essaie de le hisser à bord. Il n'y a pas de solution miracle (à moins d'avoir investi dans un palan), toute solution inventive peut marcher. On peut utiliser la drisse de spi (c'est la seule qui soit montée sur une poulie orientable) et wincher pour remonter l'homme, on peut mettre à l'eau une voile dans laquelle il se couche et qu'on essaie de remonter ensuite, on peut mettre une échelle de bain amovible sur le côté (assez casse-gueule quand même), ... Bref, c'est le système D qui fonctionne.

Pour réchauffer notre homme s'il est en hypothermie, la meilleure chaleur vient du corps d'un autre équipier. Il faut donc lui hoter ses vêtements mouillés, le laisser pratiquement nu et qu'un autre équipier se couche à côté de lui dans cette même tenue avec une couverture de survie ou un duvet par dessus. La chaleur dégagée par l'équipier valide permettra de réchauffer l'homme rapidement. Il faut également lui faire ingurgiter de petites quantités de boissons chaudes.

Si le contact visuel a été perdu et qu'on ne retrouve pas l'homme à la mer, il faut organiser le ratissage de la zone. On prend comme point de départ le point de chute (ou celui qui a été supposé comme tel si on n'a pas vu la chute, ou l'endroit où sont les objets flottants qu'on a jeté), on calcule le courant (on peut lancer un objet flottant pour voir où il va, sachant qu'un homme est quand même plus lourd) et le temps depuis la chute pour approximer sa position actuelle, et on quadrille de manière régulière. Plusieurs méthodes existent, notamment celle du vol de l'abeille avec des boucles toutes centrées sur le point estimé, ou des carrés de plus en plus grand qu'on quadrille. Dans ces cas-là, tous les équipiers sont sur le pont à regarder dans toutes les directions.

Tout ceci est la théorie, vous verrez que dans la pratique, on n'a pas le temps de se poser des questions et qu'il faut agir par réflexe, d'où l'utilité de faire quelques simulations.